lundi 3 décembre 2012

Le Dernier Jour d'un Condamné

Hugo est un des auteurs que j'admire réellement. Il a eu une vie romanesque...Il a eu une vie d'engagements...Ses œuvres sont prolixes, les sujets variés, rien n'a jamais vraiment été tabou dans son écriture en ce qui concerne la société. Je vous laisse découvrir ou redécouvrir un extrait:

Le Dernier Jour d'un Condamné(1829):

"Condamné à mort !
Voilà cinq semaines que j'habite avec cette pensée, toujours seul avec elle, toujours glacé de sa présence, toujours courbé sous son poids !
Autrefois, car il me semble qu'il y a plutôt des années que des semaines, j'étais un homme comme un autre homme.

Chaque jour, chaque heure, chaque minute avait son idée. Mon esprit, jeune et riche, était plein de fantaisies. Il s'amusait à me les dérouler les unes après les autres, sans ordre et sans fin, brodant d'inépuisables arabesques cette rude et mince étoffe de la vie. C'étaient des jeunes filles, de splendides chapes d'évêque, des batailles gagnées, des théâtres pleins de bruit et de lumière, et puis encore des jeunes filles et de sombres promenades la nuit sous les larges bras des marronniers. C'était toujours fête dans mon imagination. Je pouvais penser à ce que je voulais, j'étais libre.
Maintenant je suis captif. Mon corps est aux fers dans un cachot, mon esprit est en prison dans une idée. Une horrible, une sanglante, une implacable idée ! Je n'ai plus qu'une pensée, qu'une conviction, qu'une certitude : condamné à mort !
Quoi que je fasse, elle est toujours là, cette pensée infernale, comme un spectre de plomb à mes côtés, seule et jalouse, chassant toute distraction, face à face avec moi misérable, et me secouant de ses deux mains de glace quand je veux détourner la tête ou fermer les yeux. Elle se glisse sous toutes les formes où mon esprit voudrait la fuir, se mêle comme un refrain horrible à toutes les paroles qu'on m'adresse, se colle avec moi aux grilles hideuses de mon cachot ; m'obsède éveillé, épie mon sommeil convulsif, et reparaît dans mes rêves sous la forme d'un couteau.
Je viens de m'éveiller en sursaut, poursuivi par elle et me disant : – Ah ! ce n'est qu'un rêve ! – Hé bien ! avant même que mes yeux lourds aient eu le temps de s'entrouvrir assez pour voir cette fatale pensée écrite dans l'horrible réalité qui m'entoure, sur la dalle mouillée et suante de ma cellule, dans les rayons pâles de ma lampe de nuit, dans la trame grossière de la toile de mes vêtements, sur la sombre figure du soldat de garde dont la giberne reluit à travers la grille du cachot, il me semble que déjà une voix a murmuré à mon oreille : – Condamné à mort !"

référence issue d'ici

Un esprit mesquin et chagrin relèvera toujours les fautes de syntaxes, car il y en a, les libertés avec le formel, les énumérations longues, les groupes nominaux chargés...il se drapera dans la médiocrité de la critique...pour cacher ses propres carences....
Car au bout du compte, si Hugo est parfait, c'est parce que son écriture nous parle, nous touche, bien au-delà de la facture, c'est un souffle et une mélodie de l'âme bien avant un texte.
C'est une révolte, un désespoir, une empathie contre l'injustice et un formidable talent...
  

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